Français en Espagne

Coronavirus : un Français à Barcelone, dans l’oeil du cyclone

Coronavirus : un Français à Barcelone, dans l’oeil du cyclone

L’Espagne est le deuxième pays le plus endeuillé au monde après l’Italie. Si Madrid paie le plus lourd tribut au Covid-19, Barcelone compte aussi ses morts par milliers. Dès le départ plus strict qu’en France, le confinement s’est encore durci, comme en témoigne ce français de Barcelone.

> L’Espagne entre ce dimanche 5 avril 2020 dans sa quatrième semaine de confinement

Il était déjà interdit de sortir se dégourdir les jambes ou de faire un jogging. Et depuis quelques jours, seules, quelques rares professions sont autorisées à circuler, explique Pierre-Olivier Bousquet.“On ne peut plus sortir travailler si on n’a pas un emploi qui est lié à une fonction essentielle de l’économie espagnole, une profession médicale, si on est éboueur si on est caissier. Si on est dans un cabinet comptable ou dans l’immobilier, on ne peut plus aller à son bureau.”

Et pas question de ne pas se plier aux règles : “C’est un confinement très dur, mais qui est vraiment respecté parce qu’il y a à la fois à Barcelone, l’armée et évidemment la police nationale, et la police locale, qui sont à tous les coins de rue, donc c’est extrêmement suivi, parce que de toutes façons, si on ne respecte pas, il y a une amende immédiatement.”

Né en Auvergne, le Français vit depuis 12 ans à Barcelone, où il est agent immobilier. Depuis le début du confinement, comme la plupart des travailleurs indépendants, il n’exerce plus aucune activité :“Il y a beaucoup de personnes qui sont en professions libérales à Barcelone, et ces personnes-là, si elles ne travaillent pas, elles n’ont pas de salaire, et sachant qu’en plus, contrairement à la France, on aura droit éventuellement à 700 euros d’aide, mais hypothétiquement, et plus tard. La sécurité sociale a quand même pris la cotisation d’autonome ce mois-ci, donc on n’a vraiment pas du tout d’appui de l’État espagnol.”

> Système D

Alors qu’en France, on commence à évoquer un futur déconfinement, de l’autre côté des Pyrénées, on en est loin : “Comment est-ce qu’on peut imaginer une perspective quand on a encore utilisé une patinoire à Madrid pour mettre des corps ? On n’est même pas encore au pic. Pour l’instant, on est encore dans l’œil du cyclone. On en saura, je pense un peu plus la semaine prochaine, mais pour l’instant, l’État est trop occupé à gérer la crise pour envisager une sortie pour l’instant.”

Également président de l’UFE Catalogne (Union des Français de l’étranger), ce qui interpelle sans doute le plus Pierre-Olivier Bousquet dans la gestion de la pandémie à Barcelone, c’est l’art de la débrouille de la population catalane, comme l’accueil d’une partie des patients du Covid-19 dans des endroits généralement dédiés à des fonctions commerciales ou festives : “Il y a un club de gym qui se trouve à côté de l’Hospital del Mar, juste à Villa Olimpica au bord de la mer, qui a été mis à disposition de l’hôpital pour mettre des malades. Il y a en a d’autres qui vont être installés dans des lieux publics. On est dans le système D. C’est en même temps inquiétant, parce qu’on se dit que la situation est très grave, mais c’est aussi rassurant sur les capacités de la communauté de s’adapter et de trouver des solutions en situation de crise.”

Plusieurs complexes sportifs de Barcelone ont ainsi été réaménagés et cinq hôtels de la ville transformés en centres hospitaliers, rendant un millier de places supplémentaires disponibles.

Lui écrire : pobousquet@gmail.com

> Aller plus loin 

L’UFE Catalogne (Union des Français de l’étranger)

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